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ments et les éclats de voix des gens qui circulaient étaient gais.

Dans les jardins, derrière les haies, les bourgeons s’enflaient aux arbres, et les branches se balançaient doucement à la brise. Partout on voyait courir ou tomber de petites gouttes d’eau, isolées, transparentes… Les moineaux piaillaient peu harmonieusement et voletaient çà et là de leurs petites ailes. Du côté du soleil, sur les haies, les maisons, les arbres, tout était en mouvement et tout brillait. La joie, un renouveau de jeunesse au ciel, sur la terre et dans le cœur des hommes !

De la paille fraîche était étendue, dans une des rues principales, devant une maison de maître ; dans la maison se trouvait, mourante, cette malade qui hâtait sa course vers l’étranger.

Près de la porte close de la chambre à coucher se tenait le mari et une dame d’âge mûr. Un pope était assis sur le sopha, le regard baissé ; il tenait enveloppé quelque chose dans l’Epitrachilium[1]. Dans un coin, étendue sur

  1. La chasuble que les ecclésiastiques russes portent sous l’étole.