Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Tout mon intérieur est dévoré. Dieu sait ce qu’il y a.

— Ne crains rien… En toussant, souffres-tu aussi dans la gorge ?

— J’ai mal partout. Ma dernière heure est là, voilà ce que c’est ! Ah ! ah ! soupira le malade.

— Couvre-toi les pieds, fit la cuisinière en lui ramenant la souquenille sur les pieds, et elle redescendit du poêle.

Pendant la nuit, une veilleuse brûlait dans la salle. Nastasïa et une dizaine de cochers passèrent la nuit couchés par terre ou sur les bancs, soufflant bruyamment. Seul, le malade soupirait doucement, toussait, et se jetait de ci de là sur le poêle. Vers le matin il se tut complètement.

— C’est singulier ce que j’ai vu en rêve, fit la cuisinière en se réveillant : j’ai vu Chwedor qui descendait du poêle et qui allait fendre du bois. « Je vais t’aider Nastasïa, » me dit-il. — Je lui dis : « Comment peux-tu encore fendre du bois ? » — Mais le voici qui empoigne la hache et il se met à fendre du bois, si vite, si vite, que les copeaux volaient. « Non, me dit-il, je suis