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siège… les voyageurs attendent, cria le maître de poste, du seuil de la porte.

Serega voulait partir, sans attendre une décision, mais le malade, tout en toussant, lui fit des yeux signe qu’il allait lui répondre.

— Prends les bottes, Serega, dit-il en étouffant sa toux et reprenant un peu haleine. Tu achèteras seulement une pierre, quand je serai mort, ajouta-t-il d’une voix enrouée.

— Très bien, oncle ! Je les prends donc et j’achèterai la pierre.

— Vous avez entendu, les enfants ! parvint à dire le malade, et, de nouveau, il se pencha en avant, la toux l’étranglait.

— C’est bon, nous l’avons entendu, dit un des cochers. Va, Serega, monte, sans quoi on va revenir te chercher. Tu sais, Mme  de Schirkin est malade.

Serega retira brusquement ses grandes bottes trempées et difformes et les jeta sous un banc. Les bottes neuves de l’oncle Fédor furent mises en un clin d’œil et Serega sortit, en les regardant, pour gagner la voiture.

— Ah ! voici de bien belles bottes, je te les