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La malade pencha sa tête en arrière et ouvrit lentement les yeux. Ses grands yeux jetaient un éclat clair et étaient d’un superbe ton foncé.

— Encore ! dit-elle, en repoussant de sa main amaigrie et d’un mouvement nerveux le bout du manteau de la femme de chambre qui venait d’effleurer ses pieds, et sa bouche se tira douloureusement.

Matrescha ramassa à deux mains les pans de son manteau, se souleva sur ses pieds vigoureux et s’assit plus loin. Son frais visage se couvrit d’une vive rougeur.

Les beaux yeux sombres de la maîtresse suivaient anxieusement les mouvements de la femme de chambre. Elle voulut s’appuyer de ses deux mains sur le siège pour se soulever et s’asseoir un peu plus haut, mais les forces lui manquèrent. Sa bouche se crispa, et sur son visage s’imprima une expression d’impuissante, de mauvaise ironie.

— Si seulement tu m’aidais !… Ah ! ce n’est pas la peine ! J’arriverai bien seule… ne mets seulement pas tes sacs derrière moi… Aie l’obli-