Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une peau un peu jaune, fanée, n’adhérant pas avec fermeté aux pommettes du visage, rougissait aux joues et aux mâchoires. La bouche était mince et inquiète ; les cils, clairsemés, ne frisaient pas, et le manteau de voyage en laine faisait des plis droits sur la poitrine rentrée.

Il y avait, empreintes sur le visage de la dame, de la fatigue, de la névrosité et une souffrance habituelle.

Le domestique sommeillait, les coudes appuyés sur le siège, et le postillon conduisait, en l’excitant habilement, son vigoureux attelage de quatre chevaux couverts de sueur ; il se retournait de temps en temps vers le deuxième postillon, qui conduisait la calèche derrière lui, en animant ses chevaux par ses cris.

De larges ornières parallèles s’étendaient en avant, creusées dans la boue calcaire de la route. Le ciel était gris et froid, et un brouillard humide tombait sur les champs et sur le chemin. Dans la voiture, l’air était étouffant et on sentait l’eau de Cologne et la poussière.