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au lieu d’aller te promener en flânant, riposta le pécheur endurci, mais tu t’en vas gaîment voyager au loin, en emportant avec toi tout l’argent, et maintenant tu viens m’en réclamer !

La colère emporte le vieillard et il donna un soufflet à son fils.

Le lendemain matin Jefim se rendit chez l’ancien, lui remettre son passeport ; puis il arriva devant la maison d’Élisée.

La vieille femme de celui-ci, occupée sur l’escalier, lui donna un bonjour amical.

— Bonjour, compère, fit-elle en souriant doucement, as-tu fait ton long pèlerinage en bonne santé ?

Jefim Tarassitsch s’arrêta.

— Dieu soit loué et béni, répondit-il, la bonne santé ne m’a point quitté, mais c’est ton vieux que j’ai perdu en route, et j’apprends que depuis longtemps il est ici.

C’était pour la vieille de l’eau sur le moulin, le bavardage était la joie de son cœur.

— Oui da, il est à la maison, dit-elle, il est depuis longtemps de retour, celui qui nous nourrit. Je crois que c’était le jour de l’Assomp-