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XI


De nouveau, Jefim dut traverser seul les vastes espaces. Plus il approchait de chez lui, plus s’imposait son ancien souci : « Comment avait-on fait à sa maison sans lui ? En une année, murmurait-il, beaucoup d’eau passe sous le pont. Il faut toute une vie pour fonder une maison, et bien peu de temps suffit pour la détruire. » Comment le fils avait-il géré en son absence, comment s’était présenté le printemps, comment le bétail avait-il passé l’hiver, la nouvelle maison était-elle solidement bâtie ?…

Jefim traversa de nouveau le pays où, l’année précédente, il avait perdu Élisée.

La population n’était pas reconnaissable. Où, l’année dernière, régnaient la désolation et la misère, tout vivait, cette année, dans un bien-être satisfait.

Les champs avaient porté une riche moisson. La population se trouvait de nouveau dans l’aisance, et les souffrances passées étaient oubliées.