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aller et retour, et acheta du pain et des harengs pour son voyage en mer.

Le navire embarqua son chargement, et tous les pèlerins montèrent à bord. L’ancre fut levée, les amarres brassées, et, en avant, ils voguèrent sur les flots bleus.

Toute la journée, tout alla bien : vers le soir s’éleva un vent violent et du ciel tombèrent des torrents de pluie. Le navire commença à se balancer et de hautes vagues inondèrent le pont. Les passagers se jetaient anxieusement de côté et d’autre, les femmes poussaient des cris d’effroi, et beaucoup d’hommes peu courageux allaient d’un endroit à un autre, cherchant un abri sûr. Jefim aussi n’était pas rassuré, sans cependant le laisser paraître. Où il s’était installé, aussitôt après l’embarquement sur le pont, en compagnie de quelques vieillards de Fambou, il demeura pendant toute la nuit, et le jour chacun gardait son bien et restait silencieux. Le troisième jour, le vent tomba et le calme se rétablit. Le cinquième, le navire entrait dans le port de Constantinople. Maints pèlerins se firent débarquer et allèrent contempler le su-