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— La soif me dévore, dit-il à son ami.

— Eh bien ! va l’apaiser ; moi, je n’ai pas soif !

Élisée s’arrêta.

— Il ne faut pas m’attendre, ajouta-t-il d’un ton conciliant. Je ne fais qu’entrer dans la cabane qui est là-bas, prendre une bonne lampée. Ainsi rafraîchi et ragaillardi, je serai bientôt près de toi.

— Bien, fit l’autre ; et Jefim Tarassilsch poursuivit seul sa route, tandis qu’Élisée se dirigeait vers une des chaumières.

C’était une petite maisonnette en torchis, noirâtre vers le bas, plus claire vers le haut, et dont la terre grasse s’était détachée en plusieurs endroits. Le toit était découvert d’un côté.

L’entrée de cette hutte donnait sur la cour. Élisée y pénétra. Sur un tas de terre gisait un homme, un homme malade et décharné, sans barbe, la chemise rentrée dans la culotte, comme c’est l’usage chez les Petits-Russiens. L’homme s’était évidemment jeté là, cherchant l’ombre, puis le soleil était venu le frapper de ses brûlants rayons. Et il restait là, couché,