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Mais voici quelle serait la vraie doctrine d’auprès l’auteur de l’article :

Il existe une loi, nommée par Huxley loi cosmique, qui veut que tous les êtres soient en lutte les uns avec les autres et que les plus aptes seuls (the fittest) survivent. L’homme lui-même est soumis à cette loi grâce à laquelle seulement il est devenu ce qu’il est. Mais cette loi va directement contre la morale. Comment donc les réconcilier ? Voici : le progrès social est là qui s’efforce d’enrayer l’action de la loi cosmique et de lui substituer celle de la loi éthique qui tend non pas à la survivance du plus apte (the fittest), mais à la survivance du meilleur (the best) au sens éthique du mot. D’où provient ce processus éthique ? C’est ce que M. Huxley n’explique pas, bien que dans sa note 19 il lui assigne pour base ce fait que les hommes aiment, comme les animaux, à vivre en société et répriment les mouvements de leur nature nuisibles à la société, tandis que les membres de celle-ci, de leur côté, répriment par la force les actes contraires au bien de la société. Ce processus qui amène les hommes à réfréner leurs passions dans un intérêt de conservation de l’association à laquelle ils appartiennent, cette peur d’être punis pour infraction à ses règles, semblent à M. Huxley constituer la loi éthique elle-même dont il lui faut démontrer l’existence.