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De la première conception découlent les morales communes à toutes les religions païennes, lesquelles ont pour but l’effort vers le bien de l’individu, et qui, par conséquent, déterminent toutes les conditions propres à procurer le maximum de bien possible et indiquent les moyens de l’acquérir. De cette conception découlent la morale d’Épicure sous son expression la plus basse ; la morale mahométane qui promet le bien-être à l’individu dans ce monde et dans l’autre ; la morale chrétienne enseignée par l’Église, dont la fin poursuivie est le salut, c’est-à-dire le bien individuel, avant tout dans l’autre monde ; et la morale mondaine utilitaire qui poursuit le bien de l’individu, mais seulement dans ce monde-ci. C’est de cette conception qui assigne pour but à la vie de chacun d’arriver au bien et d’être libéré de la souffrance que découlent la morale bouddhiste sous sa forme rudimentaire et la doctrine des pessimistes.

De la seconde conception, la païenne, qui assigne pour but à la vie le bien d’un certain groupe d’individus, découlent les morales qui exigent de l’homme obéissance au groupe et qui font de la prospérité de ce groupe le but de la vie. D’après cette morale, la jouissance individuelle n’est admise que dans la mesure où elle est aussi le partage de toute l’association qui forme la base religieuse de la vie. C’est de cette conception que découlent soit les morales bien connues