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losophie chrétienne de l’église, au moyen âge, issue de cette même conception païenne de la vie, recherchait les moyens de salut de l’individu, c’est-à-dire l’acquisition du maximum de bien pour l’individu dans une vie future, et elle n’a touché à l’organisation du bien social que dans ses essais de théocratie. La philosophie moderne, celle de Hegel comme celle de Comte, a à sa base une conception de la vie à la fois religieuse, sociale et civile. La philosophie pessimiste de Schopenhauer et de Hartmann a voulu s’affranchir de la conception religieuse de l’univers qui nous vient des juifs ; malgré elle, elle s’est pliée aux principes religieux du bouddhisme.

La philosophie a toujours été seulement, ce qu’elle sera toujours, la recherche de ce qui résulte du rapport de l’homme et de l’univers, tel que ce rapport a été fixé par la religion. En sorte que, tant que ce rapport n’a pas été fixé par elle, la recherche philosophique manque d’objet.

Le même raisonnement s’applique à la science positive, au sens strict du mot. Ainsi entendue, la science a toujours été et restera toujours seulement la recherche et l’étude de tous les objets et de tous les phénomènes qui, en vertu d’une certaine conception arrêtée par la religion du rapport existant entre l’homme et l’univers, paraissent être susceptibles d’examen.