Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsqu’il entre dans la vie, dans la vraie vie humaine, l’homme ne peut éluder cette question. Elle est toujours là, présente à chacun, et, d’une façon ou de l’autre, chaque homme y donne toujours une réponse : la réponse à cette question, c’est justement ce qui constitue l’essence de toute religion.

L’essence de toute religion consiste seulement en une réponse à la question : pourquoi est-ce que je vis et dans quel rapport suis-je avec l’univers infini qui m’entoure ?

Toute la métaphysique religieuse, toutes les théogonies, tous les systèmes sur l’origine du monde, tout l’appareil extérieur du culte, choses qu’on prend ordinairement pour la religion, tout cela n’a d’autre valeur que celle de signes qui accompagnent les religions et qui sont soumis aux conditions de lieu, de race, de moment historique.

Il n’est pas une seule religion, depuis la plus élevée jusqu’à la plus grossière, qui n’ait à sa base cette idée fondamentale du rapport dans lequel se trouve l’homme avec l’univers qui l’entoure ou avec sa cause première. Il n’est pas un rite religieux, fût-il le plus grossier du monde, ni un culte, fût-il le plus raffiné, qui n’ait à sa base cette même idée fondamentale.

Toute doctrine religieuse est la formule donnée par le fondateur de cette religion au rapport où il se sent être personnellement comme homme, et par consé-