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CHAPITRE XXIII


Nekhludov raconta au gouverneur comment la prisonnière qui l’intéressait avait été injustement condamnée, et comment elle avait signé, avant de partir pour la Sibérie, un recours en grâce adressé à l’empereur.

— Parfait ! — fit le gouverneur, après l’avoir soigneusement écouté. — Et alors ?

— On m’a promis que le recours en grâce serait examiné le plus rapidement possible, et que la décision impériale nous parviendrait ici même, dans le courant de ce mois…

Sans cesser de tenir les yeux fixés sur Nekhludov, le gouverneur étendit vers la table sa grosse main aux doigts courts, pressa un timbre et se remit à écouter en silence.

— Alors, je voudrais demander à Votre Excellence, si la chose est possible, de faire en sorte que l’on garde ici cette prisonnière jusqu’au moment où l’on connaîtra la réponse à son recours en grâce…

Nekhludov fut interrompu par l’entrée d’un valet de chambre, en grande tenue militaire.

— Va donc demander si Anna Vassilievna est levée ! — dit le gouverneur au valet de chambre, — et apporte encore du thé !

Puis, se retournant vers Nekhludov :

— Et ensuite ?

— Ma seconde requête, — poursuivit Nekhludov, —