Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/504

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XI


Les condamnés politiques occupaient deux petites salles, précédées d’une antichambre qui donnait sur le corridor. Dans cette antichambre, Nekhludov trouva Simonson, qui, accroupi près du poêle avec une bûche de sapin dans la main, paraissait très préoccupé d’allumer le feu.

En apercevant Nekhludov, il déposa un instant sa bûche pour lui tendre la main, sans se relever de sa position accroupie.

— Je suis heureux de ce que vous soyez venu, j’ai précisément besoin de causer avec vous ! — dit-il, avec sa mine sérieuse, regardant Nekhludov droit dans les yeux.

— Qu’y a-t-il donc ? — demanda Nekhludov.

— Je vous le dirai plus tard. En ce moment, je suis occupé !

Et Simonson, reprenant sa bûche, se remit à surveiller le feu, qu’il s’était chargé d’allumer d’après une méthode rationnelle de son invention.

Nekhludov allait entrer dans la première des deux chambres, lorsqu’il vit sortir, de l’autre chambre, la Maslova, portant dans un torchon un énorme paquet d’ordures et de poussière, qu’elle se préparait à jeter dans le poêle. Elle avait sa veste blanche, et des sabots aux pieds. Sa tête était couverte d’un fichu blanc, qui lui cachait la moitié du visage ; et, pour balayer plus à l’aise, elle s’était retroussée en relevant très haut les