pour empêcher la cendre de tomber sur le tapis.
— Je voudrais vous prier seulement de faire hâter l’examen du pourvoi, — dit Nekliludov, — pour que, si la femme Maslov doit aller en Sibérie, son départ puisse se faire le plus tôt possible.
— Oui, oui, par les premiers paquebots de Nijni-Novgorod, oui, je sais — déclara Wolff avec son éternel sourire, en homme sachant toujours d’avance ce dont on voulait lui parler. — Vous dites que la condamnée s’appelle…?
— Catherine Maslov.
Wolff s’approcha de son bureau et ouvrit un carton plein de papiers.
— La Maslova, c’est bien cela ! Parfaitement, j’en parlerai à mes collègues. Nous discuterons l’affaire mercredi.
— Puis-je le télégraphier à mon avocat ?
— Comment ! vous avez un avocat pour cette affaire ? C’est bien inutile ! Mais enfin, oui, vous pouvez lui télégraphier.
— Je crains que les motifs de cassation ne soient insuffisants — dit Nekhludov ; — mais le procès-verbal même des débats prouve assez que la condamnation est le résultat d’un malentendu.
— Oui, oui, cela est possible ; mais le Sénat n’a pas à s’occuper du fond de l’affaire, — répondit sévèrement Wolff, en surveillant la cendre de son cigare. — Le Sénat doit se borner à examiner la légalité de la procédure.
— Mais ici le cas est, me semble-t-il, si exceptionnel…
— Sans doute, sans doute ! Tous les cas sont exceptionnels. Enfin, nous ferons ce qu’il y aura à faire. Voilà tout !
La cendre tenait toujours, mais commençait à trembler au bout du cigare.
— Et vous ne venez que rarement à Pétersbourg ? — poursuivit Wolff en allant déposer la cendre dans le cendrier. — Quelle horrible chose que cette mort du jeune Kamensky, un garçon charmant ! Fils unique ! La mère est folle de désespoir, — ajouta-t-il, répétant