monde, quoi ! Mais n’importe, j’en parlerai à mon mari. Lui, il les connaît tous. Il connaît tout le monde. Je lui en parlerai. Mais il faudra que tu lui expliques l’affaire toi-même ; moi, jamais il ne me comprend. Quoi que je lui dise, il me répond qu’il ne comprend pas ! C’est un parti-pris, mais qu’y puis-je faire ?
La comtesse fut interrompue dans ses confidences par l’entrée d’un valet de chambre en livrée, qui vint apporter une lettre sur un plateau d’argent.
— Comme cela se trouve ! une lettre d’Aline ! Tu entendras aussi Kiesewetter !
— Qui est-ce, Kiesewetter ?
— Kiesewetter ! Viens chez nous ce soir, tu verras qui c’est ! Il parle si bien que les criminels les plus pervertis se jettent à ses genoux, et pleurent, et se repentent. Ah ! si ta Madeleine pouvait l’entendre, elle se convertirait aussitôt ! Mais toi, viens sans faute ce soir, tu l’entendras ! C’est un homme étonnant !
— C’est que, ma tante, ces choses-là ne m’intéressent pas beaucoup.
— Mais si, je te dis que cela t’intéressera ! Et tu viendras, je le veux, entends-tu ? Et maintenant dis encore ce que tu désires de moi ! Allons, vide ton sac !
— J’ai aussi à m’occuper de l’affaire d’un jeune homme enfermé à la forteresse !
— À la forteresse ! Oh ! là, je puis te donner une lettre pour le baron Kriegsmuth. C’est un très brave homme ! D’ailleurs tu le connais bien ! Il a été camarade de ton père. Il a versé dans le spiritisme ; mais, tout de même, c’est un brave homme ! Que veux-tu demander ?
— Je veux demander qu’on permette à la mère de ce jeune homme de voir son fils. Et j’ai aussi à présenter une requête à Cherviansky, ce qui m’ennuie fort.
— Cherviansky ? Ah ! le vilain homme ! Mais c’est le mari de Mariette. Je puis toujours m’adresser à elle. Elle fera tout pour moi. Elle est si gentille !
— J’ai à réclamer la mise en liberté d’une jeune fille, une étudiante, qui est en prison depuis plusieurs mois sans que personne sache pourquoi.