— Eh bien ! dit Fédosia, puisqu’ils ne peuvent pas vivre ensemble, à quoi bon se marier ?
— Mais toi-même ? ton mari ne va-t-il pas au bagne avec toi ? demanda la garde-barrière.
— Nous, nous étions déjà unis par la loi. Mais lui, à quoi bon se marier, s’il ne doit pas vivre avec elle ?
— En voilà une sotte ! À quoi bon ? Mais, s’il se marie, il la couvrira d’or.
— Il m’a dit : « Où l’on t’enverra, j’irai avec toi », dit Maslova. Mais qu’il vienne, qu’il ne vienne pas, ce n’est pas moi qui le lui demanderai !
— Il part à présent pour Saint-Pétersbourg, reprit-elle après un silence. Il va s’occuper de mes affaires. Là-bas, il est parent de tous les ministres. Mais tout de même, je n’ai pas besoin de lui !
— C’est évident ! approuva tout à coup Korableva, occupée à mettre de l’ordre dans son sac et pensant à coup sûr à tout autre chose. Et maintenant, hein ! un peu d’eau-de-vie ?
— Pas moi, répondit Maslova. Buvez-en, vous autres !