les rues. Il y avait de quoi frémir en les voyant.
Par l’expérience que j’en avais faite avec le petit Serge, je compris qu’il n’était impossible de leur venir en aide et que ma vie s’y opposait.
Lors du séjour de Serge chez moi, je me souvins que je m’efforçai de lui cacher ma manière de vivre et surtout celle de mes enfants. Je sentais que tous les efforts que je faisais pour le diriger et pour l’habituer à une existence bonne et laborieuse, étaient rendus vains par l’exemple que je donnais moi-même, dans ma vie de famille.
Prendre chez soi le bébé d’une prostituée ou d’une mendiante, c’est chose facile. Il est aussi très aisé, si on a de l’argent, de débarbouiller ce bébé, de l’habiller proprement, de l’engraisser, de l’éduquer, de le rendre savant… Mais lui apprendre à gagner sa vie par le travail, c’est tout autre chose ; cela nous est impossible à nous autres, qui vivons sans rien faire et faisons tout le contraire de ce que nous enseignons. Notre exemple et les secours matériels par lesquels nous voulons améliorer le sort des pauvres, tout cela, combiné ensemble, produit un effet tout opposé. On peut bien prendre un jeune