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leur souhaitions bon appétit, ils nous répondaient : « Soyez les bienvenus », et même nous faisaient place. Au lieu des repaires et de la population changeante que nous comptions y trouver, nous remarquâmes dans cette maison beaucoup de logements que les mêmes gens habitaient depuis longtemps. Un menuisier avec ses ouvriers et un cordonnier avec ses maîtres logeaient dans l’un depuis dix ans. Le logement du cordonnier était très sale et très étroit, mais on y travaillait gaiement. J’essayai d’engager la conversation avec un ouvrier, afin d’apprendre de lui ses malheurs et combien il devait à son maître, mais il ne comprit pas et me parla en très bons termes de sa vie et de son maître.

Un logement était occupé par un vieillard et une femme âgée. Ils vendaient des pommes. Leur chambre était bien chauffée, propre et bien garnie. Le plancher était recouvert de paillassons qu’ils se procuraient au dépôt des pommes. Ils avaient des coffres, une armoire, un samovar et de la vaisselle. Dans un coin se trouvaient des images nombreuses et devant elles étaient suspendues deux lampady ; au mur étaient accrochées des pelisses qu’un drap protégeait contre la poussière. La vieille avait le front sillonné de