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demment, un homme, proprement mis, était un prodige en cet endroit.

Le garçon demanda à une femme : « si elle savait où étaient les recenseurs » ; — trois hommes lui répondirent aussitôt ; l’un dit : « au-dessus du puits », l’autre ajouta qu’ils y avaient été, mais qu’ils en étaient sortis et qu’on les trouverait chez Nikita Ivanovitch. Un vieillard, vêtu seulement d’une chemise, qui se rajustait près des lieux d’aisances, dit qu’ils se trouvaient au numéro 30. Le garçon en conclut que ce renseignement était le plus vraisemblable et il me conduisit au numéro 30, qui se trouvait sous l’auvent du sous-sol. Il était très-obscur et il y régnait une puanteur, tout autre que celle de la cour. Nous descendîmes et suivîmes un corridor obscur, dont le sol terreux n’était seulement pas recouvert de planches. Quand nous passâmes dans le corridor, une porte s’ouvrit brusquement et j’aperçus un vieillard ivre en chemise et ne ressemblant nullement à un moujik. Une blanchisseuse aux manches retroussées, aux bras savonneux, charriait cet homme en poussant des cris perçants.

Vania, mon guide, écarta l’ivrogne et le tança d’importance. « Comment pouvez-vous causer