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la rue Prototchni et, après avoir dépassé la maison et la porte, il entra dans une petite cantine.

Sur la rue Prototchni donnaient deux portes cochères et les portes d’un restaurant, d’un cabaret, de quelques triperies et d’autres boutiques. C’était là la forteresse de Rjanof. Tout y était gris, sale et puant — les bâtiments, les logements, les cours et les gens. La plupart de ceux que j’y rencontrai étaient déguenillés et à demi-vêtus. Les uns passaient, les autres allaient en courant d’une porte à l’autre. Deux d’entre eux marchandaient des hardes.

Je fis le tour du bâtiment à partir de la ruelle Prototchni et du passage Bérégovoï, et quand je fus de retour, je m’arrêtai près de la porte de l’une des maisons. Je voulais y entrer pour voir ce qui se passait à l’intérieur, mais cela m’était pénible : qu’aurais-je dit si on m’avait demandé ce que je venais faire ? Après un moment d’hésitation, je me décidai néanmoins à entrer. Aussitôt que je fus arrivé dans la cour, je sentis une affreuse puanteur. Je tournai le coin et, au même instant, j’entendis à ma gauche, dans une galerie en bois, des pas précipités, d’abord sur les planches de la galerie,