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ment est normal, mais qu’il ne peut être autrement. Non seulement ceux pour qui l’ordre existant est avantageux, pensent ainsi ; mais même ceux qui souffrent de cet ordre sont si étourdis par la suggestion dont ils sont l’objet, qu’eux aussi considèrent la violence comme le seul moyen de bien-être dans la société humaine. Et cependant cette installation solide de l’ordre social par des violences, éloigne le plus les hommes de la compréhension des causes de leur souffrance, et par conséquent de la possibilité du vrai bien-être.

Il se commet quelque chose d’analogue à ce que fait un médecin ignorant ou malfaisant, en introduisant à l’intérieur l’éruption malsaine, non seulement en trompant avec cela le malade, mais en augmentant la maladie même et en rendant impossible sa cure.

Aux dominants, qui ont asservi des masses et qui pensent et disent : « après nous le déluge, » il semble très commode, avec l’aide de l’armée, du clergé, des soldats et des policiers, des menaces de baïonnettes, des balles, des prisons, des maisons de correction et des gibets, de forcer les hommes asservis à continuer de vivre dans leur étourdissement et dans leur asservissement et à ne pas empêcher ces mêmes dominants de profiter de leur situation. Et les hommes qui dominent font