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XII


Le Christ reprochait aux Pharisiens et aux Docteurs d’avoir pris les clefs du royaume du Ciel et n’y entrant pas eux-mêmes, de n’y pas laisser entrer les autres.

Les savants de notre temps font la même chose. Ces hommes, en notre temps, ont pris les clefs — non pas du royaume de Dieu — mais de l’instruction, et n’entrent pas eux-mêmes et ne laissent pas entrer les autres. Les prêtres, le clergé, par des tromperies de toutes sortes et par l’hypnose, ont inspiré aux hommes que le Christianisme n’est pas une doctrine enseignant l’égalité de tous les hommes et qui, par cela, détruit tout l’état actuel païen de la vie, mais qui, au contraire, soutient cet état, prescrit de distinguer les hommes comme les étoiles ; ils prescrivent de reconnaître que tout pouvoir vient de Dieu et qu’il faut s’y soumettre sans objection, ils suggèrent en général aux hommes opprimés, que leur situation vient de Dieu, et qu’ils doivent la supporter avec douceur et résignation et se soumettre à leurs oppresseurs qui non seulement ne peuvent être doux et humbles, mais sont obligés, en corrigeant les autres, d’apprendre à punir —