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mule les raisonnements compliqués, raffinés qui, en remplissant l’esprit d’un galimatias tout à fait inutile, écartent l’attention des hommes de l’important et de l’essentiel et donne aux hommes de notre monde, la possibilité de s’endurcir dans le mensonge où ils vivent sans s’en apercevoir.

« Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises, » est-il dit dans l’évangile. « Car quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient point à la lumière de peur que ses œuvres ne soient reprises. »

C’est pourquoi les hommes de notre monde, se faisant à cause de l’absence de religion, la vie la plus cruelle, la plus bestiale, la plus immorale, ont amené pour cacher le mal de cette vie, l’activité compliquée, raffinée, oisive de l’esprit, jusqu’à un tel degré de complication et d’embrouillement inutiles que la majorité des hommes a perdu tout à fait la capacité de voir la différence entre le bien et le mal, entre le mensonge et la vérité.

Pour les hommes de notre monde il n’existe pas de question qu’ils puissent aborder tout droit et simplement. Toutes les questions — économiques, d’ordre social, de politique intérieure et extérieure, diplomatiques, scientifiques, sans parler déjà des questions philosophiques et religieuses, — sont posées si