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qui n’ont pas de base générale pour définir la valeur de leurs actes et qui, par cela, établissent toujours l’accord entre leur raison et leurs actes non en soumettant ces actes à la raison, mais commettant un acte sous l’influence du sentiment, en employant ensuite la raison à la justification de leurs actes.

Un homme religieux qui sait ce qui, dans ses actes et ceux des autres hommes, est bon ou mauvais, et pourquoi l’un est bon et l’autre mauvais, s’il voit la contradiction entre les exigences de la raison et ses actes ou ceux des autres hommes, emploie alors tous les efforts de sa raison pour trouver le moyen de faire disparaître cette contradiction, c’est-à-dire qu’il cherche le meilleur moyen de faire accorder ses actes avec les exigences de la raison. Et un homme irréligieux, qui n’a pas de guide pour définir la valeur des actes indépendamment de l’agrément qu’ils donnent, en se laissant entraîner par ses sentiments les plus divers et souvent opposés, tombe involontairement dans la contradiction, et cela fait, il tâche de résoudre ou de cacher cette contradiction par des raisonnements plus ou moins compliqués et intelligents, mais toujours mensongers.

C’est pourquoi, tandis que les raisonnements des hommes religieux sont toujours simples, clairs et