Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

venté et que dans l’avenir seront inventés des procédés, grâce auxquels les vies humaines ne seront pas exposées comme maintenant. Mais ce n’est pas vrai. Si les hommes ne considèrent pas tous les hommes comme leurs frères, alors les vies humaines ne peuvent être considérées comme l’objet le plus sacré qui, non seulement ne peut être violé, mais que nous avons l’obligation principale, immédiate, de soutenir. C’est-à-dire, que si les hommes ne se rapportent pas religieusement les uns envers les autres, toujours, pour leur avantage personnel, ils sacrifieront des vies humaines. Il n’y aura pas de sot qui consente à dépenser des milliers de francs, s’il peut atteindre le même but en dépensant une centaine de francs avec, en plus, quelques vies humaines qui se trouvent en son pouvoir. À Chicago, les chemins de fer écrasent annuellement le même nombre d’hommes, et les propriétaires des chemins de fer, tout à fait rationnellement, ne prennent pas les mesures avec lesquelles il y aurait moins d’accidents, en calculant que les sommes payées annuellement aux victimes et à leurs familles sont moindres que l’intérêt du capital nécessaire pour cette accommodation.

Il est très possible que les hommes qui sacrifient des vies humaines pour leur avantage soient dénoncés par l’opinion publique, ou forcés de