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réjouir des succès brillants, inouïs, énormes, obtenus par la technique au dix-neuvième siècle.

Sans aucun doute, jamais dans l’Histoire, il n’y eut un tel succès matériel, c’est-à-dire un accaparement des forces de la nature, comparable à celui qui a été obtenu au dix-neuvième siècle, mais nul doute aussi que jamais dans l’Histoire il n’y eut l’exemple d’une telle vie immorale, libre de toutes les forces bridant les aspirations bestiales de l’homme, dont vit maintenant, en s’abrutissant de plus en plus, l’humanité chrétienne. Le succès matériel qu’ont atteint les hommes au dix-neuvième siècle est vraiment grand, mais il est acheté et s’achète par une négligence des obligations les plus élémentaires de la morale, négligence que l’humanité n’avait encore jamais atteinte, pas même au temps des Tchinguiss-Khan, des Attila, des Néron.

Sans aucun doute, les cuirassés, les chemins de fer, l’imprimerie, les tunnels, le phonographe, les rayons Rœntgen, etc., sont excellents. Tout cela est très bon, mais aussi sont très bonnes, incomparablement bonnes, comme disait Ruskin, les vies humaines qui, maintenant, sans merci, se perdent par millions pour la construction des cuirassés, des chemins de fer, des tunnels, qui non seulement n’ornent pas la vie, mais la gâtent.

On objecte ordinairement à cela, qu’on a in-