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selon la prescription de savants médecins, des riches malades, il le pourrait sans aucun obstacle, sous la condition d’y mettre les formes convenables, acceptées, c’est-à-dire, de ne pas prendre par la force le sang des hommes, mais de les amener à une telle situation, qu’eux-mêmes ne puissent se dispenser de le donner, et qu’en outre il ait soin d’inviter des prêtres, et des savants, les premiers pour bénir le nouvel étang comme ils bénissent les canons, les fusils, les prisons, les gibets, et les seconds pour établir les preuves de la nécessité et de la légalité d’un tel établissement, de même qu’ils ont trouvé les preuves de la nécessité des guerres et des maisons de tolérance. Le principe fondamental de chaque religion — l’égalité des hommes entre eux — est à un tel point méconnu, délaissé et encombré par les dogmes ineptes de la religion professée ; et dans la science cette même inégalité — sous l’aspect de la lutte pour l’existence et de la survivance du mieux doué (The fittest) — est à un tel point reconnue comme une nécessité de la vie, que la destruction de millions de vies humaines pour la commodité de la minorité dominante, est considérée comme un phénomène des plus ordinaires et nécessaires de la vie, et se produit constamment.

Les hommes de notre temps ne peuvent assez se