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de populations entières, par l’ordre de Dieu, sans même parler de ce sacrement inepte qui faisait dire à Voltaire : « Il y avait et il y a beaucoup de doctrines religieuses ineptes, mais jamais il n’en exista une dans laquelle le principal acte religieux consistât à manger son Dieu » ; sans parler déjà qu’il ne peut être rien de plus absurde que la mère de Dieu, en même temps mère et vierge, que le ciel s’ouvrant et laissant entendre des voix, que le Christ montant au ciel, où il se tient quelque part à droite de son père, que Dieu est un et trois, et non trois dieux comme Brahma, Vichnou et Çiva, mais un seul et en même temps, trois. Que peut-il y avoir de plus immoral que cette doctrine effroyable selon laquelle Dieu, méchant et vindicatif, punit tous les hommes pour le péché d’Adam, puis, pour les sauver, envoie son fils sur la terre, en sachant d’avance que les hommes le tueront, et que, pour cela, ils seront maudits ; que le moyen pour les hommes d’être sauvés du péché consiste à être baptisés et à croire que tout est arrivé précisément de cette façon, et que le fils de Dieu a été tué par les hommes pour le salut des hommes, et que Dieu punit par des souffrances éternelles ceux qui ne croient pas cela ? De sorte que, sans même parler de ce que quelques-uns considèrent comme le supplément des dogmes principaux de cette religion : comme toutes