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lettre, que les hommes ne doivent pas croire aux traditions humaines et que toute la loi et les prophètes, — c’est-à-dire tous les livres considérés comme la sainte écriture — se réduit à cela : à agir envers les autres comme on veut que les autres agissent envers soi. Si rien n’est dit contre les miracles et si dans l’évangile même des miracles sont décrits comme accomplis par Jésus, on voit toutefois, par tout l’esprit de la doctrine, que Jésus a basé la véracité de la doctrine non sur les miracles, mais sur la doctrine elle-même (qui veut savoir si ma doctrine est vraie, fasse ce que je dis.) Et principalement le christianisme proclame l’égalité des hommes non plus déjà comme une conséquence du rapport des hommes envers l’infini, mais comme une doctrine fondamentale de fraternité de tous les hommes, puisque tous les hommes sont reconnus comme les enfants de Dieu. Il semblerait donc qu’on ne puisse dénaturer le christianisme de façon à détruire la conscience de l’égalité des hommes entre eux. Mais l’esprit humain est fertile, et, consciemment ou demi-consciemment fut inventé un moyen tout nouveau (un truc, comme disent les Français) pour rendre inefficaces les avertissements des évangiles et la proclamation claire de l’égalité de tous les hommes. Ce « truc » consiste en ceci ; on attribue l’impecca-