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fiter de cet état où l’homme est le plus capable d’être l’objet de la suggestion (l’enfance, les événements importants de la vie : mort, naissance, mariage), et par les œuvres d’art : d’architecture, de sculpture, de peinture, de musique, de représentations dramatiques, dans cet état de réceptivité semblable à celui qui s’obtient pour l’homme en particulier par le sommeil provoqué, — pour lui inspirer ce qui est désirable à celui qui suggère.

On peut observer ce phénomène dans toutes les vieilles religions : dans la doctrine élevée des Brahmes, qui dégénéra en l’adoration grossière d’images innombrables en divers temples, sous l’accompagnement des chants et de l’encens ; dans la religion juive antique, qui était propagée par les prophètes et se transforma dans l’adoration de Dieu en un temple somptueux, avec les chants solennels et les processions ; dans la doctrine élevée du Bouddhisme qui, avec les monastères et les images de Bouddha, les rites solennels innombrables, se transforme dans le mystérieux Lamaïsme et dans ce Taoïsme avec sa magie et ses exorcismes.

Toujours, dans toutes les doctrines religieuses, quand elles commencèrent à être déformées, leurs gardiens employèrent tous leurs efforts à amener les hommes à l’état d’affaiblissement de l’ac-