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des autres, l’homme devrait sans cesse éprouver le sentiment qui le pousserait à une certaine activité et soumettre sa raison au contrôle de l’opportunité de ses sentiments. C’est pourquoi ces trois mobiles sont nécessaires pour tout acte humain, si simple soit-il. Si l’homme marche d’un endroit à l’autre, cela vient de ce que le sentiment le poussant à passer d’un endroit à un autre, la raison a approuvé cette intention et prescrit le moyen de l’accomplir (dans l’exemple actuel, la marche par un certain chemin) et les muscles du corps obéissent et l’homme suit le chemin indiqué. En même temps, quand il marche, le sentiment et la raison se rendent libres pour une autre activité, ce qui ne pourrait être sans la capacité de se soumettre à la suggestion. Il en est ainsi pour toutes les activités humaines et de même pour la plus importante, pour l’activité religieuse. Le sentiment excite le besoin d’établir les rapports de l’homme envers Dieu, la raison définit ce rapport, la suggestion pousse l’homme à l’activité qui découle de ce rapport. Mais cela n’a lieu que si la religion n’a pas encore subi de déformation. Car aussitôt qu’en commence la dénaturation, la suggestion grandit de plus en plus, et l’influence du sentiment et de la raison s’affaiblit. Les moyens de suggestion sont partout et toujours les mêmes. Ces moyens consistent à pro-