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hension par l’humanité de son rapport envers l’infini. La même chose eut lieu pour les religions grecque et romaine, et aussitôt après le dernier degré de la décadence, parut le christianisme. Il en fut de même avec le christianisme ecclésiastique qui se transformait à Byzance en idolâtrie, en adoration d’une foule de dieux, quand, pour contrepoids de ce christianisme dénaturé, parut d’un côté le Paulicianisme et de l’autre, contraire à la doctrine de la Trinité et de la Vierge-mère, le sévère mahométisme avec son dogme fondamental d’un Dieu unique. La même chose a eu lieu avec le christianisme papal du moyen âge, qui provoqua la Réforme. De sorte que les périodes d’affaiblissement des religions, au point de vue de leur influence sur la majorité des hommes, sont la condition nécessaire de la vie et du développement de toutes les doctrines religieuses. Cela provient de ce que chaque doctrine religieuse, dans son vrai sens, quelque grossier qu’il soit, établit toujours un rapport égal pour tous les hommes, entre l’homme et l’infini. Chaque religion reconnaît l’homme également infime devant l’infini et c’est pourquoi chaque religion comprend toujours la conception de l’égalité de tous les hommes devant ce qu’elle considère comme Dieu, que ce soit la foudre, le vent, l’arbre, l’animal, le héros, l’empereur défunt ou même