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venus des êtres raisonnables, ne pouvait vivre, par conséquent ne vivait pas, et ne peut vivre sans religion.

Il est vrai que dans la vie des peuples, il y eut et il y a des périodes où la religion existante fut si dénaturée et si en retard sur la vie que déjà elle ne la guidait plus… Mais, cette cessation de son influence sur la vie des hommes, qui se produit pour chaque religion à certaines époques, n’était que temporaire. La religion, comme tout ce qui vit, a la propriété de naître, de se développer, de vieillir, de mourir, de renaître, et de reparaître toujours sous une forme plus perfectionnée que la forme précédente. Après la période de développement supérieur de la religion, arrive toujours la période de son affaiblissement, de son arrêt après lequel suit ordinairement la période de résurrection et l’établissement d’une doctrine religieuse plus raisonnable et plus claire qu’auparavant. De semblables périodes de développement, d’arrêt et de résurrection se retrouvent dans toutes les religions : quand la profonde religion brahmine commença à vieillir et à se pétrifier dans les formes grossières une fois établies et qui l’éloignaient de son sens initial, parurent, d’un côté, la résurrection du Brahmanisme et de l’autre, la doctrine élevée du Bouddhisme qui activait la compré-