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conséquence fatale du mauvais fonctionnement de l’art dans notre société.

Une quatrième conséquence de ce mauvais fonctionnement consiste en ce que les hommes des classes supérieures, voyant se reproduire de plus en plus souvent l’opposition entre la beauté et le bien, en arrivent à considérer l’idéal de la beauté comme étant le plus haut des deux, et s’affranchissent ainsi des exigences de la moralité. Intervertissant les rôles, ces hommes, au lieu de reconnaître que l’art qu’ils admirent est une chose inférieure, prétendent que c’est la moralité qui est une chose inférieure, dénuée de signification pour des êtres arrivés au degré de développement où ils se croient eux-mêmes arrivés.

Cette conséquence de la perversion de l’art s’était fait sentir depuis longtemps déjà dans notre société ; mais elle a pris de nos jours un développement extraordinaire, grâce aux écrits du célèbre Nietzsche, et aux paradoxes des décadents et esthètes anglais qui, à la suite d’Oscar Wilde, prennent volontiers pour thème de leurs écrits la destruction de toute morale et l’apothéose de la perversité.

Cette conception de l’art a trouvé son contre-