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pas un spectacle plus sinistre encore de voir des enfants de dix ans qui donnent des concerts, et surtout de voir des collégiens de dix ans qui savent par cœur les exceptions de la grammaire latine. Ils y perdent leurs forces physiques et intellectuelles ; et en même temps ils s’y dépravent au point de vue moral, deviennent incapables de quoi que ce soit d’utile pour les hommes. Prenant dans la société le rôle d’amuseurs des riches, ils perdent tout sentiment de la dignité humaine. Le besoin d’éloges se développe chez eux à un degré si monstrueux qu’ils souffrent toute leur vie de ce développement même, et qu’ils dépensent tout leur être moral à vouloir rassasier un besoin insatiable. Et il y a une chose plus tragique encore : c’est que ces hommes, qui sacrifient toute leur vie à l’art, qui sont perdus à jamais pour la vie, par amour de l’art, non seulement ne rapportent aucun profit à cet art, mais lui causent même un immense dommage. Car dans les académies, dans les collèges, dans les conservatoires, ils apprennent les moyens de contrefaire l’art ; et, l’ayant appris, ils en sont si pervertis qu’ils deviennent pour jamais incapables de concevoir l’art véritable, et que ce sont eux qui contribuent à répandre