bonne parce qu’elle ressemble à une pièce d’argent.
L’ornementation, que vantent si fort nos esthéticiens sous le nom de beauté, ne saurait non plus servir de mesure de la qualité d’une œuvre d’art. Le caractère essentiel de l’art, en effet, consiste à transmettre à d’autres hommes les émotions éprouvées par l’artiste ; et l’émotion artistique non seulement ne coïncide pas toujours avec la beauté, mais lui est même souvent contraire. La vue des plus laides souffrances peut nous émouvoir puissamment d’un sentiment de compassion, de sympathie, d’admiration pour la grandeur d’âme de la personne qui souffre ; et d’autre part la vue d’une figure de cire, même très belle, peut ne nous donner aucune émotion. Évaluer une œuvre d’art d’après son degré de beauté, c’est comme si l’on jugeait de la fertilité d’un terrain par l’agrément de sa situation.
La troisième méthode de contrefaçon de l’art, celle qui consiste à multiplier les effets de saisissement, n’a pas davantage à voir avec l’art véritable ; car l’effet, que ce soit un effet de nouveauté, ou de contraste, ou d’horreur, l’effet n’est jamais l’expression d’un sentiment, mais simplement une action sur nos nerfs. Quand un peintre représente