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est lui-même en bon point, comment il se tient, comment il est ceinturé, comment le cheval est attelé, et l’on devine bien vite si c’est avec des mille ou avec des cents que ce moujik fait le commerce.

Tout homme d’expérience, en regardant de près Polikey, ses mains, son visage, sa barbe qu’il laissait pousser depuis quelque temps, sa ceinture, le foin répandu çà et là dans la charrette, le maigre Baraban, eût aussitôt reconnu en lui, non pas un marchand en gros, non pas un dvornik, mais un petit serf qui commercerait non avec des mille, ni des centaines, ni même des dizaines.

Ce n’était pas l’avis de Iliitch Polikey : il se trompait, et se trompait agréablement. « Quinze cents roubles, il va rapporter quinze cents roubles ; s’il le voulait, il tournerait Baraban vers Odessa au lieu de le tourner