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spirer la confiance ne sont-ils pas les mêmes qui ont agi sur nos pères, sur nous, et qui agiront sur nos enfants ? Le moujik qui donne de la tête dans le ventre de son unique cheval, lequel non seulement compose toute sa richesse, mais encore fait comme partie de sa famille, ce moujik, lorsqu’il jette ses regards pleins de terreur et de confiance sur le visage singulièrement renfrogné de Polikey, sur ses bras minces, aux manches retroussées, dont il presse juste l’endroit malade, et taille hardiment dans la chair vive, dans la pensée « qu’il doit en sortir quelque chose », avec un air de savoir où est le sang, où est le pus, où est la veine sèche et la veine mouillée, lorsqu’il le voit serrer entre ses dents un flacon de solution de pierre infernale ou une compresse salutaire, comment s’imaginerait-il, l’honnête moujik, que Polikey puisse lever la main pour