Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

battant la mesure de tous les airs qui me venaient en tête, au gré des mouvements du cheval. On ne devinait sa fatigue qu’à ses oreilles tombantes, à son ventre tour à tour contracté et soulevé. Un seul objet arrêtait l’attention : c’était la borne de verste, au pied de laquelle le vent amoncelait sans cesse la neige tourbillonnante et éparpillée.

J’étais émerveillé de voir les mêmes chevaux courir toute une nuit, pendant douze heures, sans savoir où, sans s’arrêter, et arriver cependant au but.

Notre clochette semblait tinter plus joyeusement. Ignat s’était essoufflé à force de crier ; par derrière, on entendait haleter les chevaux et sonner les sonnettes de la troïka où se trouvaient le petit vieux et le conseilleur ; mais celle du yamchtchik endormi avait complètement disparu.