Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

(le gérant savait par où la prendre). Mais voici le point principal que j’ai l’honneur de vous soumettre : il n’a que deux fils, les autres ne sont que ses neveux. C’est eux que le mir désigne ; mais, pour être juste, il faudrait tirer au sort parmi tous les dvoïniki[1]. Combien de troïniki se sont séparés ! Ils ont bien fait, puisque les Doutlov, restés unis, ont maintenant à souffrir pour leur honnêteté.

La barinia n’y comprenait déjà plus rien. Elle ne s’expliquait pas ce « tirage au sort » et cette « honnêteté ». C’étaient des sons qu’elle percevait, rien que des sons. Et, sur la redingote du gérant, elle examinait les boutons de nankin : les boutons supérieurs, il devait les

  1. Dvoïniki, troïniki, littéralement doubles, triples ; dans les familles qui comptent deux, trois fils, les deux frères sont des dvoïniki, les trois frères des troïniki. Dans le premier cas, chacun des frères est un dvoïnik ; dans le second cas, chacun des frères est un troïnik.