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mais régulièrement chaque jour a besoin, — pour que son cerveau revienne à l’état normal, — tout au moins d’une semaine, probablement de plus d’une semaine d’abstinence complète. Or il n’existe pas de fumeur ni de buveur qui s’abstienne volontairement pendant une période de temps aussi longue.

Il suit de là que tout ce qui se fait sur cette terre, aussi bien par ceux dont la profession est de guider et d’enseigner les autres que par ceux qui sont ainsi guidés et enseignés est fait sous l’influence de l’ivresse[1].

  1. Mais, comment expliquerons-nous ce fait indéniable que les gens qui ne boivent ni ne fument jamais sont fréquemment à un niveau intellectuel et moral incomparablement plus bas que les buveurs et les fumeurs invétérés ?

    Comment se fait-il aussi que les gens qui boivent et fument donnent souvent des preuves de grandes qualités morales et intellectuelles ?

    On peut répondre à ces objections qu’en premier lieu nous ignorons quel degré de supériorité auraient atteint les individus en question s’ils n’avaient jamais bu ni fumé. En second lieu, du fait que des peuples d’une grande intelligence tout en se soumettant à l’action