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pendant des mois, des années, et souvent pendant toute la vie, et l’homme continue à se trouver toujours en face des mêmes problèmes moraux sans jamais faire un pas vers la solution.

Et cependant le progrès de la vie humaine consiste dans la solution des problèmes moraux. L’homme ne le comprend pas ainsi. Il procède comme celui qui, ayant perdu une perle dans un ruisseau et voulant éviter de plonger dans l’eau froide, trouble l’eau comme exprès pour ne pas voir la perle et recommence chaque fois que l’eau redevient limpide. L’homme qui recourt à des moyens artificiels pour engourdir ses facultés reste souvent immobile pendant toute sa vie. Il demeure à la même place, voit le monde à travers le brouillard d’une conception contradictoire de la vie admise une fois pour toutes. Dès qu’une lueur apparaît à son esprit, il se recule jusqu’au mur infranchissable derrière lequel il s’est