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cet excitant est d’autant plus pressant que le désir d’étouffer le remords augmente.

S’il était vrai que le tabac ne fit que procurer un plaisir quelconque et éclaircir les pensées, on n’en éprouverait pas le besoin passionné, dans certaines circonstances nettement définies, et nous ne verrions pas des gens assurer qu’ils seraient plutôt disposés à se priver de nourriture que de tabac.

Le cuisinier dont je parlais a raconté devant le tribunal qu’après être entré dans la chambre à coucher de sa victime, et lui avoir coupé la gorge, lorsqu’il l’avait vue tomber à la renverse en poussant un cri, pendant que le sang coulait à flots, il était resté pétrifié à la pensée de son crime.

« Je n’ai pas eu le courage de l’achever, s’écriait-il ; je suis allé dans le salon, me suis assis et j’ai fumé une cigarette. »

Et ce n’est que lorsqu’il eut engourdi son cerveau par la fumée qu’il rassembla ses