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Dans la période de sa vie consciente, l’homme a souvent l’occasion de distinguer en lui-même deux êtres absolument distincts : l’un, aveugle et sensitif ; l’autre, éclairé et pensant. Le premier mange, boit, se repose, dort, se reproduit et se meut comme une machine remontée pour un certain temps. L’être pensant, éclairé, uni à l’être sensitif, n’agit pas par lui-même, il ne fait que contrôler et apprécier la conduite de l’être sensitif en l’aidant activement s’il l’approuve, ou en restant neutre dans le cas contraire.

Nous pouvons comparer cet être conscient à l’aiguille d’une boussole dont une des extrémités indique le nord et l’autre le sud, et qui est couverte, dans toute son étendue, par un corps opaque.

Ainsi l’aiguille reste invisible tant que la direction du navire est bonne, et elle ne commence à osciller et à devenir visible que si le navire s’écarte de son chemin.