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du reste, si elle existe, nous nous efforçons de nous soustraire le plus possible. Puis, quand, à la suite de toutes ces luttes avec la bonne nature, le jeune garçon peut fumer impunément, il le croit du moins, parce qu’il ne subit pas immédiatement les effets désastreux du tabac, il s’imagine, en toute sincérité, que cette habitude fait partie, comme le boire et le manger, de ses besoins naturels, et il déclare qu’il aimerait mieux mourir que de s’en priver. Il est devenu un homme ! En effet il en meurt quelquefois, mais en croyant toujours qu’il meurt d’autre chose, ou, plutôt, en ne sachant pas qu’il va mourir ni même ce que c’est que mourir.

Dans ce cas particulier comme dans beaucoup d’autres, le roi de la création est donc au-dessous du dernier des animaux, car il n’y a pas un animal à qui l’on arriverait, le bâton aidant, à faire prendre une pareille habitude répugnant ainsi à tout son être.