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travail par vingt-quatre heures — ne peut pas vivre tranquille sachant que tout ce dont il jouit est le fruit du travail des générations ouvrières, écrasées sous le poids de l’existence sans éclaircie, mourant ignorants, ivrognes, débauchés, à demi sauvages, dans les mines, dans les fabriques, les usines, à la charrue, en produisant les objets qui servent à l’homme de condition supérieure. Moi, qui écris cela, et vous, qui me lirez, qui que vous soyez, vous, comme moi, nous avons une nourriture suffisante, souvent abondante, riche, l’air pur, les vêtements d’hiver et d’été, toute sorte de distractions, et surtout le loisir le jour et le repos complet la nuit ; et à côté de nous vit le peuple travailleur qui n’a ni nourriture, ni logement sain, ni vêtements suffisants, ni distractions ; et surtout, non seulement aucun loisir, mais souvent encore aucun repos : des vieillards, des enfants, des femmes exténués par le travail, par des nuits passées