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arrive de plus en plus souvent que les principes de la véritable morale se font jour, et alors commence une pénible lutte intérieure, une souffrance qui finit rarement à l’avantage de la moralité.

L’homme sent que sa vie est mauvaise, qu’il faudrait la changer de fond en comble, et il essaye de le faire ; mais alors ceux qui ont subi déjà la même lutte et qui y ont succombé se jettent de toutes parts sur celui qui tend à changer son existence, et s’efforcent par tous les moyens de le persuader de l’inutilité de ses efforts, de lui prouver que la continence et l’abnégation ne sont nullement nécessaires pour être bon ; qu’on peut, tout en aimant la bonne chère, le luxe, l’oisiveté et même la luxure, être un homme absolument utile et droit. Cette lutte, généralement, a une fin lamentable, soit que, exténué, l’homme se soumette à l’avis genéral, cesse d’écouter la voix de sa conscience, ait recours