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d’avoir l’amour de son œuvre, d’avoir conscience de ce qu’il a fait, est habitué au contraire à l’oisiveté, au mépris de tout travail productif et au gaspillage. Il perd la notion de la première vertu à acquérir avant toute autre : la sagesse ; et il entre dans la vie où l’on prêche et où l’on semble apprécier les hautes vertus de la justice, de l’amour et de la charité. Heureux encore, si le jeune homme est d’une nature faible moralement, s’il ne sait pas discerner la moralité des apparences de la moralité, s’il peut se contenter du mensonge qui est devenu la loi de la société. Si cela est ainsi, tout semble aller à souhait, et l’homme qui a le sens moral assoupi peut vivre heureux jusqu’à son dernier jour.

Mais cela n’est pas toujours ainsi, surtout en ces derniers temps, quand la conscience de l’immoralité d’une pareille existence est dans l’air et frappe malgre tout le cœur. Il